Avantages et risques des stablecoins
Il existe beaucoup de manières de faire fructifier ses cryptos. De la spéculation sur des monnaies en forte croissance au yield farming en passant par les smart contracts, les possibilités augmentent chaque jour. Cependant, toutes ces monnaies sont soumises à de forte volatilités face aux monnaies fiduciaires comme l’euro ou le dollar. Les stablecoins ont donc été créés afin de répondre à ce problème.
Lorsque vous avez engrangé des gains en cryptos, il peut être tentant de les sécuriser en euros ou dollars, qui sont encore à ce jour les monnaies faisant office de référence en terme de valeur. Cela pose cependant un problème, puisque selon votre nationalité et lieu de résidence, vous devrez déclarer ces gains et donc être taxés dessus. En effet, les cryptomonnaies échappent au radar des administrations fiscales, mais ce n’est pas le cas des monnaies fiduciaires. C’est donc lors de leur conversion vers ces devises officielles que la taxation se fait.
Un taux de change fixe
Une solution existe, il s’agit des stablecoins. Stable pour dire que ce sont des cryptomonnaies dont le taux de change est fixe. Il en existe convertibles en euro ou dollar, mais aussi par rapport à tout un choix d’actifs comme l’or ou le pétrole. Les plus utilisées sont :
Fonctionnement
Ces monnaies implémentes différentes stratégies afin de garantir un taux fixe à chaque instant.
1. Collatéraux fiduciaires
La plus utilisée, notamment par les trois premières de cette liste, est de s’adosser à la monnaie fiduciaire, en dollars pour notre exemple. Pour se faire, l’entité émettant la cryptomonnaie doit détenir un montant égal en dollars, afin de pouvoir garantir sa conversion à tout moment.
2. Collatéraux en cryptomonnaie
D’autres collatéraux peuvent exister, en cryptomonnaies par exemple, c’est le cas pour le Dai qui se base sur la l’ETH. Elle associe alors une surpondération de ces cryptos afin de pouvoir conserver sa valeur même en cas de baisse potentielle du collatéral. Une surpondération de 2 pour 1 permet par exemple de se protéger d’une baisse allant jusqu’à -50%.
3. Stabilisation algorithmique
D’autres enfin utilisent des algorithmes complexes permettent de garantir sa valeur face au dollar. Si celui-ci augmente ou diminue, l’algorithme diminue ou augmente le nombre de jetons en circulation pour ajuster le prix afin de garantir qu’il reste lié au dollar.
Une solution non dénuée de risques
Tout cela semble être la solution parfaite pour loger ses gains en cryptomonnaies. Elle l’est sur le papier, mais comme toute solution financière dérivée, elle n’est pas entièrement dénuée de risques, et il convient de les connaître et les garder en tête.
Contrairement à un actif classique, dont la valeur est définie par la loi de l’offre et de la demande du marché, la valeur des stablecoins dépend des collatéraux.
Imaginons par exemple qu’une forte demande se fasse sur un stablecoin. La loi du marché fait que la valeur de celui-ci devrait augmenter. Or, elle doit rester par définition aussi proche que possible de 1 dollar. Il faut donc pour cela émettre de nouveaux jetons. Mais il convient dans ce cas d’ajouter également la somme correspondante en collatéral, sans quoi la conversion ne pourrait plus être garantie. A contrario, si la demande baisse, l’émetteur du stablecoin devra s’engager à racheter des jetons contre des dollars pour les détruire.
Le stablecoin ne fonctionne donc que si l’émetteur gère correctement ses réserves. Or, Tether a récemment été au coeur d’un scandale suite à une enquête de la CFTC (Commodity Futures Trading Solutions) car il n’a pas su apporter la preuve que ses collatéraux couvraient bien l’ensemble de la valeur des jetons en circulation. Il a d’ailleurs écopé pour cela d’une amende de 41 millions de dollars le 15 octobre 2021.
Ainsi, entre 2016 et 2018, ce stablecoin n’a été entièrement garanti en dollars que 27% du temps, bien loin des 100% de garantie nécéssaire. Pire, la réserve ne serait en fait constituée de liquidités que pour moins de 4% des fonds, le reste étant titrisé en dette d’entreprises dont l’origine n’est pas entièrement connue.
Le risque est de deux ordres : en cas de crise, il est ainsi impossible à tous les détenteurs de cette monnaie de la convertir en même temps en dollar, causant ainsi sa chute brutale si cette demande se produit. Deuxièmement, si la valeur des titres placés en collatéral en lieu et place de dollars s’effondrent, cela produira une réaction en chaîne sur la valeur de cette cryptomonnaie dans un mécanisme un peu similaire aux subprimes de 2008.
Un monde en dehors de toute régulation
La décentralisation fait que ces cryptomonnaies ne sont soumises à aucune régulation. Il convient donc d’analyser les risques et le fonctionnement de ce dans quoi on investit, plus encore que dans le cas de la finance traditionnelle.
Si les stablecoins peuvent s’avérer être un outil pratique, leur implémentation décentralisée dépendante d’un fond par définition centralisé les rend bien plus fragiles et vulnérables que les véritables monnaies décentralisées telles que le Bitcoin, dont la valeur est par définition indépendante de tout élément extérieur.