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Obtenez de nouvelles liquidités sans vendre vos titres

Les Rentiers
3 janvier 2022
Difficulté : avancé

On parle souvent de produits dérivés à effet de levier en pointant à juste titre leur aspect spéculatif et donc la dangerosité qui ressort de leur puissance. Mais il existe d’autres moyens d’appliquer des effets de levier à ses investissements boursiers, moyens que les grands investisseurs utilisent eux-mêmes.

Les produits dérivés

De nombreux produits dérivés existent afin d’appliquer des effets de levier à ses investissements en bourse : warrants, turbos, options. Ces produits à la durée de vie limités ne sont pas conçus pour cette utilisation, ce qui rend leur achat particulièrement spéculatif et onéreux en terme de frais.

Sont ensuite apparus les ETFs à effet de levier. Ils promettent de multiplier par deux ou trois le rendement de leur sous-jacent, souvent un grand indice, en échange là aussi de frais plus élevés que pour un ETF classique. Ces produits se heurtent malheureusement à un problème technique connu sous le nom de bêta slippage. Sans rentrer dans trop de détail, leur effet de levier étant remis à jour quotidiennement les baisses sont amplifiées par rapport aux hausses ce qui résulte en une érosion de leur valeur au cours du temps. C’est pourquoi il est conseillé de ne les conserver qu’à court terme.

Le prêt sur marge

Le prêt sur marge fonctionne différemment et est d’une mise en oeuvre plus complexe. Il a en revanche le faveurs de grands investisseurs qui l’utilisent pour sa flexibilité dans sa finalité, son coût maîtrisé et prévisible, et son risque limité si on sait l’utiliser prudemment.

De quoi s’agit-il ? Et bien comme son nom l’indique, d’un prêt que vous fait votre courtier. A la différence d’un prêt classique, il s’assurera de votre solvabilité directement via les titres que vous possédez chez lui, recalculée chaque jour. Vous devrez évidemment payer des intérêts pour ce prêt, mais vous n’avez pas d’échéancier de remboursement du capital, ce qui fait tout son attrait.

Ce prêt est également sans objet : si il l’utilisation la plus évidente est l’achat de titres supplémentaires (qui eux-même participeront au collatéral requis pour maintenir votre marge), il s’agit d’argent qui vous est disponible. Vous pouvez donc le retirer de chez votre courtier (dans les limites qu’il impose) et l’utiliser pour tout autre chose, comme un apport pour un achat immobilier ou quoi que ce soit d’autre.

Le calcul de la marge

Comment cela fonctionne-t-il ? Dans la plupart des cas, hors contrat spécifique, c’est tout à fait simple : votre courtier voudra s’assurer qu’à chaque instant, il peut liquider les titres que vous possédez afin de solder le prêt. C’est la principale contrepartie du prêt sur marge, comme une hypothèque pour une maison, vous mettez ici vos titres en jeu.

La somme qu’il vous demande donc de maintenir investie est connue sous le nom d’exigence de marge. Il existe en fait deux exigences de marge :

  • La marge initiale : permettant d’initier de nouvelles positions.
  • La marge de maintenance : permettant de maintenir ses positions existantes.

Imaginons que vous possédiez 100 actions A cotant 10 euros chacune sur votre compte, et zéro liquidités. Grâce au prêt sur marge, vous pourrez alors facilement acheter 20 nouvelles actions, avec une liquidité qui sera de – 200 euros (20 x 10) au négatif.

Pourquoi est-ce un levier efficace ?

Utiliser un levier a toujours le même objectif : tirer avantage de taux d’intérêts dont la valeur reste linéaire afin de réaliser des investissements dont la valeur est idéalement exponentielle. Le prêt sur marge est alors la méthode la plus simple à mettre en place afin de profiter de cet accélérateur.

Un autre point qui est cette fois commun à tous les emprunts est la déductibilité des intérêts payés sur votre imposition dans le cas d’une déclaration au réel.

Les risques

Qui dit levier dit nécessairement risque, et qui dit risque dit gestion de ce risque.

Lorsque vous achetez des titres au comptant, vous vous exposez certes à leur baisse. Mais le dicton disant « pas vendu, pas perdu » s’applique. Votre perte maximale est alors égale au capital engagé. Ce n’est plus le cas lorsque vous les achetez sur marge, ou que vous les placez en collatéral pour un prêt sur marge (ce qui revient au même).

Reprenons notre exemple au dessus, avec nos 100 actions A cotant 10 euros chacune. L’investisseur ici ne prête pas attention au risque et achète 300 nouvelles actions. Sa ligne de liquidités est maintenant de – 3000 euros pour une valeur liquidative de 500 x 10 = 5000 euros.

Pas de chance, le cours baisse le lendemain de 30% à 7 euros. La valeur liquidative de son investissement est maintenant de 400 x 7 = 2800 euros

La valeur liquidative devient inférieure à la valeur du prêt qu’il a encouru, son courtier ne peut donc plus s’assurer de sa solvabilité. Dans un tel cas, il vendra ses titres en portefeuilles afin de se rembourser avant d’arriver à cette situation.

On appelle cela la liquidation, et elle est par définition toujours effectuée au pire moment, c’est à dire lors d’une forte baisse alors que vous n’avez plus de liquidité pour renflouer votre marge. Ainsi liquidé, un investisseur peut se retrouver à perdre rapidement la totalité de son patrimoine engagé.

Il s’agit d’ailleurs d’un des accélérateurs de crise les plus connus, puisque de nombreux investisseurs y compris institutionnels ont recours aux prêts sur marge dans des proportions similaires, et se retrouvent donc en cas de problème à être liquidés, alimentant encore un peu plus le carnet d’ordres de vente faisant chuter les cours.

Les règles de bonne utilisation de prêt sur marge ne dépendent que du niveaux de risque que vous acceptez de prendre. Warren Buffet conseille de ne jamais l’utiliser en temps normal, et d’y recourir avec une extrême prudence en cas de crise après que les marchés se sont effondrés. Dans tous les cas, dépasser un taux d’endettement de 15 ou 20% de votre portefeuille nous semble dangereux.

Quel courtier pour un compte sur marge ?

Beaucoup de courtiers proposent le prêt sur marge, bien que cette option se soit d’abord généralisé chez les anglo-saxons. Nous vous conseillons de comparer attentivement les taux, car bien que ceux-ci évoluent en fonction des taux directeurs des banques centrales, il existe une forte disparité entre eux, variant parfois du simple au quintuple.

Les Rentiers n'est pas reconnu comme un acteur professionnel de la gestion de patrimoine ou comme conseiller en investissement. Dès lors, tous les conseils et recommendations donnés sont réservés à un usage exclusif de divertissement.
Vous devez toujours réaliser vos propres recherches avant toute décision d'investissement.