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Le Bitcoin pourrait descendre à zéro euros

Les Rentiers
19 décembre 2021

Sous ce titre volontairement crispant, se cache un scénario radical évoqué par un économiste américain. La valeur réelle du Bitcoin est un marronnier qui revient régulièrement à chaque variation conséquente du prix de la cryptomonnaie.

Eswar Prasad est un économiste Indo-Américain, professeur de politique commerciale internationale à l’Université Cornell et chercheur à la Brookings Institution où il détient la chaire New Century en économie. Il a récemment énoncé une théorie allant totalement à l’encontre de la tendance voulant que la valeur de la cryptomonnaie considérée comme l’or digital n’aille qu’en s’appréciant avec le temps. Il prédit même sa disparition possible pure et simple.

Un problème d’efficacité

Il pointe tout d’abord la façon dont le Bitcoin utilise la blockchain, qui est technologie sous-jacente à la plupart des cryptomonnaies. Il ne faut pas oublier que le Bitcoin a été la première monnaie à s’appuyer sur cette technologie, et l’utilisation qu’elle en fait est donc moins avancée que d’autres sorties plus tard. Il s’agit là d’une des limitations d’une monnaie devant s’appuyer sur la technologie, par définition toujours en progrès et rapidement obsolète, pour fonctionner.

« L’utilisation de la technologie blockchain par Bitcoin n’est pas très efficace », a t-il déclaré. Le Bitcoin utilise un mécanisme de validation pour les transactions nommé Proof of Work qui est très gourmand en ressources et destructeur pour l’environnement et qui ne se développe selon lui pas très bien. En 2021, l’empreinte carbone du Bitcoin est déjà plus importante que celle d’un pays comme la Nouvelle-Zélande.

Une ferme de Bitcoins aux Etats-Unis

Le professeur Prasad prévoit cependant un grand avenir à la technologie de la blockchain en elle-même . Il a déclaré que certaines des cryptomonnaies les plus récentes utilisent désormais la blockchain beaucoup plus efficacement que le Bitcoin, et pense que la technologie blockchain deviendra incontournable dans la manière dont les transactions financières sont effectuées et sécurisée, comme par exemple lors de l’achat d’une maison ou d’une voiture.

Un manque d’utilité

Un autre problème qu’il pointe pour le Bitcoin est son utilisation limitée, malgré ses années d’existence. Le professeur Prasad déclare que « Étant donné que le bitcoin ne sert pas vraiment comme moyen d’échange, je ne pense pas qu’il aura une valeur fondamentale autre que celle que la foi de l’investisseur lui donne ».

En d’autres termes, il souligne le fait que le Bitcoin ne serve pas vraiment à acheter de vrais biens et services, malgré quelques essais avortés par des entreprises comme Tesla ou limitées à des effets d’annonce dans des pays tels que le Salvador. Il explique ainsi que sa valeur est due au seule fait de la spéculation, et donc au fait de trouver quelqu’un prêt à vous le racheter plus cher que vous ne l’avez-vous même payé sans que ceci ne puisse s’appuyer sur des critères fondamentaux.

Il pointe enfin la concurrence de plus en plus rude qu’il subit des autres cryptomonnaies, bien qu’il garde pour le moment la prédominence du marché. Les gouvernements et grandes entreprises du numérique travaillent à leur propre cryptomonnaies, ce qui l’amènera à être confronté à une concurrence encore inconnue. Les monnaies numériques ont « allumé un feu sous les banques centrales pour commencer à penser à émettre des versions numériques de leurs propres monnaies », a-t-il précisé. La Réserve fédérale Américaine étudie la question elle-même.

Le professeur Prasad estime à 0.4% la probabilité de disparition du Bitcoin.

L’article originel est disponible sur CNBC (en anglais) : https://www.cnbc.com/

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