Les bases de l’analyse fondamentale
On dit toujours qu’il convient de s’assurer de la solidité d’une entreprise et de ses perspectives avant d’y investir via l’achat d’actions. Mais que cela signifie-t-il exactement, et que prendre en compte ? Tâchons d’y répondre en quelques lignes.
Savoir lire les publications d’entreprises
Evidemment, il n’est pas question en un seul article d’enseigner toute la complexité de la science de l’analyse financière. On peut en revanche donner un aperçu de ses principaux axes, dont le premier d’entre eux, le bilan d’une entreprise.
Que ce soit en France, ailleurs en Europe, aux Etats-Unis ou ailleurs, chaque entreprise cotée est tenue de publier ses comptes (qui sont évidemment audités par des cabinets indépendants fin de s’assurer de leur authenticité). Le degré de cette obligation varie cependant selon le marché sur lequel est cotée l’entreprise. Sur l’Euronext, l’AMF demande une publication semi-annuelle du rapport financier, et annuelle concernant les opérations de gouvernance.
Ce rapport, qui se présente le plus souvent sous le forme d’un document d’une cinquantaine de pages, décrit l’état financier de l’entreprise, ses perspectives et projets, et contient un bilan chiffré.
Le bilan est un tableau qui montre sa situation patrimoniale de l’entreprise. Il indique ce qu’elle possède (ce sont les actifs) et ce qu’elle doit (ce sont les passifs). Les passifs sont en général des ressources mobilisés pour financer l’actif (emprunts, capital social, etc).
A ce bilan s’ajoutent les comptes de résultat, qui retrace les entrées et sorties d’argent. Là où le bilan est une photographie à un instant T, le compte de résultats est le film des événements.
Les parenthèses représentent les nombres négatifs, et les résultats sont présentés en millions d’euros. Il est aisé de voir sur cet exemple que 2020 aura été une année difficile pour Total, entre l’effondrement du prix du baril et la crise du Covid.
Le juste prix
Une fois analysée la santé de l’entreprise, reste à mettre cela en relation avec le prix auquel elle se vend sur les marchés actions. Ce n’est pas parce qu’une entreprise est performante qu’elle constitue un bon investissement. Même la meilleure entreprise sera à éviter si son prix est trop surévalué.
Le Price Earnings Ratio
Un des premiers indicateurs, et également un des plus utilisé lors d’une analyse d’entreprise est le PER, pour price earnings ratio en anglais (ratio cours sur bénéfices). Il se calcule selon la formule suivante :
Il s’agit donc d’une formule très simple mettant directement en relation le prix auquel on paye l’action par rapport aux bénéfices que réalise l’entreprise. Plus il est haut, plus l’action est considérée comme chère.
Le PER ne doit pas être lu comme une valeur absolue mais mis en relation avec les entreprises concurrentes d’une même secteur et opérant sur un même marché. Par exemple, une entreprise de hi-tech aux Etats-Unis aura naturellement un PER plus élevé qu’une entreprise de métallurgie au brésil. Cette formule ne se base en effet que sur les revenus actuels de l’entreprise, et l’action inclue dans son prix les prévisions d’évolution de son domaine d’activité, qui sont naturellement plus étendus dans le premier exemple que dans le second.
Une variante également souvent utilisée est le PER prévisionnel, qui divise le prix de l’action par les revenus prévisionnels de l’année a venir, afin d’avoir une prévision du prix futur de l’action.
Il n’y a en général pas besoin de calculer soi-même le PER, la majorité des sites boursiers le fournissent directement. Notez également qu’une entreprise réalisant des pertes aura un PER négatif, ce dernier étant alors sans objet. L’investissement dans une telle entreprise relève de toute manière de la spéculation et reste déconseillé.
Le Price to Book
Un second indicateur est le P/B, price to book en anglais (cours / valeur comptable). Directement issu du bilan (voir ci-dessus), il se calcule selon la formule suivante :
Il s’agit cette fois-ci de comparer le prix de l’action par rapport aux actifs de l’entreprise, c’est à dire ce qu’elle possède de matériel tel que liquidités, bâtiments, brevets mais aussi d’immatériel tel que ses marques.
Il indique donc la valeur résiduelle si l’entreprise met la clé sous la porte, solde toutes ses dettes et vend tous ses actifs. Un chiffre entre 0 et 1 indique que cette valeur résiduelle est supérieur au prix boursier de l’entreprise, ce qui n’arrive jamais (cela signifierait que cette entreprise n’a absolument aucune perspective de revenus). Là encore, ce chiffre doit être comparé à celui de ses concurrents opérant sur le même marché, et là encore, plus ce chiffre est élevé, plus l’action est chère.
Ce chiffre est parfois fourni par mes sites boursiers mais reste un peu moins couramment utilisé que le PER. Un P/B négatif signifie que l’entreprise a plus de passifs que d’actif. Là encore, acheter une telle entreprise relève de la spéculation.
Ceci est loin d’être suffisant
Les publications ainsi que ces deux indicateurs ne sont que la surface à effleurer dans l’analyse d’entreprise. Ils ne prennent notamment pas en compte les perspectives de croissance ainsi que les stratégies de gouvernance et le plus important : le futur du secteur et l’analyse concurrentielle des forces en présence. Cet article n’est à ce titre qu’une introduction.
La meilleure entreprise à acheter est très probablement une entreprise que vous connaissez. Etre familier avec son marché, ses produits et son actualité vous donne déjà de solides arguments à exploiter. Warren Buffet dit « Never invest in a business you cannot understand. » (N’investissez pas dans une entreprise que vous ne comprenez pas), autrement dit : investissez dans ce que vous connaissez.